Sortir de l’obscurité

Il est 5h, je m’éveille. Le soleil n’est pas encore levé. La nuit est là, bien présente. Le silence règne dans la maison. J’aime ce silence qui me donne la sensation d’être dans un moment suspendu, hors du temps. Et il y a aussi les pensées presque réflexes qui s’invitent : «  pourquoi je ne dors pas ? Je vais être fatiguée demain, enfin tout à l’heure plus exactement… »

Faire un pas de côté, me désidentifier à mes pensées. Lâcher l’idée que ce qui est présent là, maintenant, le sera indéfiniment. Une part de moi refuse de vivre cette insomnie. « Après tout ce que j’ai fait, mis en place, ça devrait être réglé tout ça ! » Une forme de révolte, de blocage. Et il me semble que derrière ça, il y a la peur que ce soit encore le cas demain, après-demain et les jours suivants. La pensée racine que cette difficulté de ce moment continuera encore et encore. Et c’est cela qui me semble le plus difficile pour le moral. Partir du principe que c’est continuel et permanent : que ce que je traverse ne s’arrêtera jamais.

Alors, j’accueille cette part en résistance, cette part qui a peur et qui dans est une dans une forme de désespoir. Et je lui souffle à l’oreille : « aujourd’hui ce que tu vis est là, devant toi. Et demain, qui sait ce qui adviendra ? Laisse la place au champ des possibles et lâche les références du passé. Le présent est là, il t’attend, il te tend les bras. C’est ta réalité du moment, la seule qui existe vraiment. Alors, reviens dans le présent. Offre-toi ce cadeau dans son entièreté, avec tout ce qu’il a d’attirant et aussi tout ce qui ne l’est pas. »

Donc, je dézoome, j’élargis mon regard encore et encore. Je lâche le réflexe de me coller à mes pensées. Je remercie pour ce moment. Il est précieux, cet ici et maintenant. La nuit est toujours là, mais je sais que le soleil va bientôt se lever. Pour l’instant, je me laisse bercer par le silence. La part de moi intranquille s’est apaisée : elle a été entendue et accueillie.

Pas à pas, on apprend à mettre de la nuance dans sa vie.